École française vers 1800, Sophie de LUIGNE (XIXe siècle). Deux lionceaux jouant. Gouache sur vélin tendu sur carton titré "Lions nés dans la ménagerie du Museum le 19 Brumaire An 9 représentés à l'âge d'un jour". Signée en bas à droite (traces d'humidité sur la mention à la plume dans le bas du vélin, rousseurs, auréoles, écaillures en bas à droite). Etiquette au revers de la maison Chaise rue de l'Echelle Peintres et Doreurs... Etiquette de la maison Coiffier rue du Coq Honoré à Paris. Haut. : 28.5 cm - Larg. : 39 cm Expertise réalisée par la Galerie de Bayser. Naissance à la Ménagerie du Muséum Ce dessin aquarellé représente deux lionceaux et la description nous apprend qu'ils sont nés dans la Ménagerie du Muséum le 19 brumaire de l'an IX (1800). Il n'y a que peu d'informations sur l'artiste, Sophie de Luigné. Artiste du début du 19e siècle, connue pour ses illustrations de botanique et de zoologie. On sait qu'elle a contribué aux Annales du Muséum d'Histoire Naturelle entre 1802 et 1805, où son travail reflétait l'importance de l'exactitude scientifique. Par ailleurs, son nom apparaît aux côtés de célèbres naturalistes de l'époque dans La République naturaliste, Collections d'histoire naturelle et Révolution française (1789-1804) par Pierre-Yves Lacour édité par Publications scientifiques du Muséum. La représentation des deux lionceaux est caractéristique de l'illustration naturaliste, discipline qui privilégie l'aspect scientifique de l'objet représenté. L'objectif est de donner une image précise et juste anatomiquement. La couleur est utilisée pour accentuer l'aspect réaliste d'un spécimen quand le noir et blanc permettra de représenter une espèce toute entière. Ce courant, très répandu entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe est notamment porté par Philippe Picot de Lapeyrouse en France. Les naturalistes sont en quête de vérité scientifique et s'intéressent à la botanique, à l'anatomie humaine et à la zoologie. Les animaux exotiques de la Ménagerie du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris tels que Zarafa la girafe ou Hanz et Parkie les éléphants sont des objets d'études pour les scientifiques ou des sources d'inspiration pour les artistes. En effet, si les peintures animalières d'Eugène Delacroix font suite à ses voyages en Orient, les bronzes d'Antoine Louis Barye trouvent leur inspiration à la Ménagerie du Museum de Paris. La ménagerie du Jardin des Plantes a été fondée en 1794. C'est l'un des plus vieux zoos du monde encore en activité. A l'origine, elle a été créée pour sauver les derniers animaux survivants de la ménagerie royale abandonnée depuis la fuite de Louis XVI. Ces derniers rejoignent rapidement les animaux confisqués aux forains des rues de Paris. Le jour de l'ouverture, la Ménagerie compte 58 spécimens. Elle sera ensuite peuplée par les prises des armées de la Convention et de Napoléon. C'est notamment en 1798 qu'un couple de lions d'Afrique est offert par le roi du Maroc et le dey d'Alger, que le couple d'éléphants asiatiques est saisi à la ménagerie du Stathouder de Hollande et que des ours sont donnés par le gouverneur du Cap. En novembre 1800, date anniversaire du coup d'Etat de Napoléon Ier, le couple de lions Marc et Constantine, résident de la Ménagerie du Muséum, donne naissance à trois lionceaux viables. Ils sont baptisés Marengo, Jemmapes et Fleurus selon les dernières victoires du premier consul qui leur rendra visite avec Joséphine. Cette naissance est relatée dans la presse et inspire de nombreux artistes notamment Maréchal qui représente la lionne et ses petits ou Jean-Baptiste Huet qui les dessine accompagnés de Cassal, leur soigneur. Les animaux sont décrits dans Phénomène d'histoire naturelle, par E.J.B. Vigniers qui profite de cette naissance pour établir le temps de gestation des lions à 110 jours, corrigeant ainsi Buffon qui l'avait établi à 6 mois (en réalité, le délai est de 4 mois). Adélaïde Cirée
Adjugé à : 14400 €