École espagnole du XVIIe siècle. La Fuite de la Justice. Huile sur toile (restaurations, rentoilage) Haut. : 85 cm - Larg. : 108 cm Cette scène figurée sur notre tableau peut être lue comme une allégorie morale montrant les conséquences de la vanité et l'orgueil qui poussent la Justice à quitter la terre. Dans la partie droite du tableau, l'artiste montre que la Justice humaine a quitté son trône, comme l'indique l'inscription Surrexit (« elle s'est levée » ou « elle s'est retirée »). Lorsque les vaniteux et les orgueilleux accèdent au pouvoir, la Justice se retire : telle est la mise en accusation silencieuse que propose l'œuvre. Pour réussir sans justice, le peintre dévoile une autre voie : celle de l'industrie et de l'audace, mais au prix de la conscience morale et de la pudeur. À gauche, cette recette ironique du succès est inscrite en latin : Multum industriae, multum audacitatis, parum conscientiae, parum verecundiae — une formule que l'on retrouve notamment chez Jakob Masen (Speculum imaginum veritatis occultae, v. 1650). Les deux figures humaines incarnent cette corruption : l'homme nu, dénué de retenue (verecundia), et l'homme vêtu, porteur d'une mauvaise conscience, forment une allégorie du modus acquirendi, la manière malhonnête de s'élever. Le renard, emblème classique de la ruse, complète ce tableau d'un monde où la richesse, symbolisée par les fruits tombant de l'arbre, récompense les fourbes. À droite de l'arbre, les honnêtes gens, les mains vides, attendent en vain. Leurs chapeaux désespérément creux soulignent l'injustice. Quant aux agneaux, ils peuvent figurer les chrétiens justes, confiants en la Providence. Au-dessus d'eux plane une figure céleste, assimilable à saint Michel, brandissant son glaive : image de la Justice divine, prête à rétablir l'ordre face à l'effondrement moral du monde. Expertise réalisée par Monsieur Stéphane PINTA du cabinet TURQUIN.
Estimation : 1200 - 1500 €