Antoine-Louis Barye (1795-1894). Lion assis dit n°3. Bronze à patine brune, signé " Barye " sur la terrasse. Étiquette « Exposition Publique F. BARBEDIENNE - 30 boulevard Poissonnière - BRONZE D'ART et d'ameublement » avec inscriptions à l'encre. Fonte posthume vers 1880. Haut. : 18 cm - Larg. : 7 cm - Prof. : 16 cm Bibliographie : Michel Poletti et Alain Richarme, Barye, Catalogue raisonné des sculptures, Paris, modèle répertorié sous le n° A 58, p.183 Un modèle similaire conservé au musée de Baltimore - Collection Lucas, un autre au musée des Beaux Arts Bonnat de Bayonne. Ce modèle a été créé par Barye en 1857. Rares sont les épreuves portant sous la base l'étiquette collée, celle-ci indique que l'épreuve était placée en dépôt dans les magasins de la Maison Barbedienne. Antoine-Louis Barye, figure emblématique de la sculpture romantique française, est bien plus qu'un simple sculpteur d'animaux. Il est l'alchimiste du bronze et du mouvement, celui qui a su capturer dans le métal la vigueur, la souffrance, la noblesse et parfois la violence du monde animal. Né en 1796, Barye se forme d'abord comme orfèvre avant de se tourner vers la sculpture. Très vite, il s'impose par un style singulier, profondément naturaliste mais toujours chargé d'une tension dramatique. Là où ses contemporains magnifient l'homme, lui choisit la bête - non pour l'idéaliser, mais pour la révéler. Lion, tigre, ours, cheval ou éléphant : sous ses doigts, ces créatures deviennent des acteurs d'un théâtre silencieux, pétris de chair, de force et de destin. Il passe des heures au Jardin des Plantes, carnet en main, à scruter les attitudes des fauves, à comprendre leur anatomie. De cette rigueur scientifique naît une œuvre d'une intensité remarquable, à la fois précise et habitée. Ami de Delacroix, lui aussi amateur de fauve, entre 1827-1833 ils partagent cette passation naturaliste allant jusqu'à disséquer le lion donné au Museum d'Histoire naturelle par l'Amiral de Rigny en 1829. Lion assis n°3, incarne toute la majesté et la puissance contenue du roi des animaux. Dans cette œuvre, le lion n'est ni en chasse ni en rugissement : il est assis, dans une posture calme mais imposante, les muscles tendus sous la peau, prêt à l'action. Ce calme apparent, cette pause dans la sauvagerie, donne à la sculpture une tension dramatique fascinante. Le lion n'est pas humanisé, mais il est rendu dans toute sa vérité biologique et symbolique : souverain, vigilant, stoïque. Le modelé du bronze rend hommage à chaque pli de la peau, à chaque touffe de crinière. Ce réalisme puissant, couplé à une composition équilibrée, place Lion assis n°3 entre science et art, entre anatomie précise et mythe antique. Le lion, figure royale et éternelle, semble à la fois endormi et prêt à bondir. Il impose le silence, appelle à la contemplation. Avec cette sculpture, Barye ne se contente pas de représenter un animal ; il fige dans le bronze une force vitale, une forme de dignité muette, un instant d'éternité.
Estimation : 500 - 800 €