Lot 347

Description

Henri CEARD* Manuscrit original en trois parties signées (non daté) intitulé « Chronique » ; 12 feuillets in-8 oblongs (rectos seuls manuscrits). Écriture facile à lire. Violente critique des sœurs de la charité (dans une première partie) ; Céard reprochant à ces dernières de ne pas s'occuper des malades de la même manière que les laïcs et donc de ne prendre aucun risques (que ce soit dans la cadre de maladies contagieuses ou autres), d'avoir des tâches annexes tout en se disant être au service des malades et indigents. La seconde partie est la narration d'un fait divers en l'occurrence un mariage franco-anglais se soldant par l'abandon de la mariée enceinte ; le tout se réglant devant les tribunaux ; Céard s'étendant sur les détails, la configuration et l'atmosphère de la rencontre ; en fait une ode naturaliste. Enfin un suicide à Paris est relaté dans la dernière partie (défenestration d'une femme par amour) suite à une relation adultère. L'auteur condamne cet acte le jugeant sous l'angle de la misère sociale « Quand une femme se précipite d'un balcon, ce n'est généralement pas d'un balcon légitime (…) » développant cette argumentation de l'attitude féminine pourvoyeuse d'enfants abandonnés qui seront les parricides de demain et termineront chez Deibler [le bourreau]. Bel exemplaire. *Henri Céard (1851-1924) : Écrivain naturaliste français (ami proche de Zola). Paul BERT* Article (épreuves manuscrites) de presse non daté (1890/1900) intitulé « M. Pasteur » de 10 feuillets in-8 (rectos seuls manuscrits) ; ratures et corrections. Écriture facile à lire. Hommage à l'homme et à son œuvre. P. Bert racontant en détails les découvertes scientifiques, louant la rigueur, le sérieux et l'intelligence du savant tout en proclamant tout au long de l'article son admiration. Première page tachée (sans gêne pour la lecture) sinon bon ex. *Paul Bert (1833-1886) : médecin, physiologiste et homme politique français. E. VANDERVELDE* « L'antisémitisme et le socialisme international ». Article (épreuves manuscrites) non daté [février 1898 ; début du début du procès d' Emile Zola], signé intitulé « L'antisémitisme et le socialisme international. » destiné à la publication ; 4 feuillets in-4 (rectos seuls manuscrits ; certains coupés pour les besoins de l'imprimeur). Calligraphie fine rarement difficile à déchiffrer ; quelques ratures et corrections. Bon à tirer et instructions au crayon bleu. « Émile Zola va comparaitre devant la cour d'assises. Les accusateurs sont déjà devant le tribunal de l'histoire. Il s'agit maintenant de bien autre chose que l'affaire Dreyfus …) » s'ensuit un réquisitoire impitoyable contre la justice militaire, « l'iniquité des procédures secrètes (…) à l'heure ou toutes les forces d'oppression se coalisent ou les défenseurs du droit sont abreuvés d'outrages, ou la méchanceté et la stupidité s'accouplent, comme des chiens monstrueux sur les places publiques (…) » prenant à témoins « (…) tous les citoyens du monde (…) » et affichant sa solidarité au nom des socialistes belges « (…) à la protestation de Zola contre la violation des droits de la défense (…) » tout en déplorant la défection de « deux ou trois de nos amis »[qui font] « cause commune avec les socialistes de boulevard, des patriotes de café-concert ou des cléricaux déguisés qui sous couvert d'antisémitisme, travaillent (…) à détourner le prolétariat de sa mission révolutionnaire intégrale ». Ensuite l'auteur fait un rappel historique essentiel « (…) au congrès international de Bruxelles en 1892, la démocratie socialiste a formellement condamné l'antisémitisme (…) » rappelant au passage « (…) Songez vous à renier Karl Marx, un juif comme St Paul (…) et d'égrener d'autres noms ou lieux juifs (quartiers pauvres de New-York, East-end de Londres, ateliers de diamantaires d'Amsterdam) et concluant ce passage : « Pour le socialisme, en effet, le drame social apparait comme une lutte des classes ; pour l'antisémitisme, comme une lutte de races ». La fin de cet article commence par une dénonciation des clichés sur les juifs : « Malédiction sur les juifs, parce qu'il est parmi eux des banquiers gorgés d'or ! Malédiction sur les juifs, pourquoi les Pharisiens et les prêtres ont crucifié le Christ ! (…) » et de suite en rappelant la doctrine socialiste « (…) défense de tous les opprimés, sans distinction de sexe, de culte ni de race ». Il peut comprendre « Qu'un antisémite devienne socialiste par ressentiment contre les capitalistes juifs qui l'exploitent (…) mais l'inverse répugne à notre auteur. Vandervelde dénonce enfin l'empereur Guillaume « la domination capitaliste des Stumm, des Krupps (…) et plus généralement les dérives capitalistes et guerrières » concluant « Ainsi pouvons-nous affirmer que tout au moins en Belgique, il serait impossible de trouver un groupe socialiste qui ne soit pas résolument hostile aux paradoxes dangereux et aux complaisances plus dangereuses encore (…) le retour offensif des partis (…) qui rêvent de faire sombrer la République dans la fange et le sang. P. Vandervelde ». Des feuillets rognés en marge avec perte de lettres voire de mots (dernier feuillet entre- autre) sinon exemplaire correcte. *Emile Vandervelde (1866-1938) : dirigeant du parti ouvrier belge, défenseur du suffrage universel, des droits syndicaux, de la journée de huit heures, du droit des femmes. Il défendait les juifs et le sionisme et militait pour un état juif en Palestine. A. MILLERAND* Pour la vérité. Article (épreuves manuscrites) signé non daté (1892-1895) intitulé « Pour la vérité » ; 3 feuillets in-8 (rectos seuls manuscrits coupés pour le besoin de l'imprimeur). Écriture assez facile à lire ; nombreuses ratures et corrections (ou rajouts) au crayon. Bon à tirer et instructions au crayon bleu. Millerand fait une mise au point sur « (…) le rôle et les actes des délégués des grévistes » durant les évènements (grèves des mineurs) de Carmaux [1892] durant les négociations afin de sortir au mieux de ce conflit. Millerand s'était montré très critique vis-à-vis des socialistes leur reprochant une instrumentalisation de la grève à des fins idéologiques et l'instauration d'un arbitrage impartial. Excellent état. *Alexandre Millerand (1859-1943) : homme politique français classé socialiste (avant son exclusion en 1904 jugé trop mou par le parti). Edouard VAILLANT* « Une lettre de Vaillant » Petit article (épreuves manuscrites) daté du 3 mai 1893 et signé intitulé « Une lettre de Vaillant » ; papier à entête de la « Ville de Paris/ Conseil municipal » » destiné à la publication ; 2 feuillets in-8 (rectos seuls manuscrits ; coupés pour les besoins de l'imprimeur). Calligraphie fine rarement difficile à déchiffrer ; quelques ratures et corrections. Bon à tirer et instructions au crayon bleu. Demande de démenti de la part de Vaillant suite à un discours de Dupuy visant à décrédibiliser une manifestation socialiste faisant passer ces derniers pour des agitateurs et des provocateurs. « Je vous serai très obligé d'insérer dans votre journal le démenti formel qu'à mon tour et en ce qui me concerne, je donne aux assertions à la tribune de la chambre, du ministre Dupuy aux paroles qu'il m'a attribué. (…) » suite à une manifestation et un meeting « du haut des marches de la bourse du travail » qui fut visiblement réprimé par la violence malgré le pacifisme des manifestants présents « c'est le succès de cette manifestation, que ni provocations, ni violences n'ont pu faire dévier (…) au moment même de la première charge des agents sur la foule qui entourait la Bourse du travail, je terminais le discours (…) » s'ensuit une liste de revendication « (…) et c'est pour empêcher meeting et discours que cette première agression de la police, la plus brutale et sauvage de toute alors commença (…). Bon ex. Excellent état. Edouard VAILLAN « Tartufferie » Petit article (épreuves manuscrites) non daté [certainement entre avril et novembre 1893 ; année du premier gouvernement Dupuy], signé intitulé « Tartufferie » ; destiné à la publication ; 2 feuillets in-8 (rectos seuls manuscrits ; coupés pour les besoins de l'imprimeur. Calligraphie fine rarement difficile à déchiffrer ; quelques ratures et corrections. Bon à tirer et instructions au crayon bleu. Violentes attaques et critiques et du personnage et de la politique du ministre Dupuy ; celui-ci étant qualifié entre-autre de « (…) tartuffe maladroit et violent, artisans de manœuvre et provocations policières, l'ennemi acharné et perfide du socialisme (…) » Vaillant s'opposant dans sa conclusion « (…) en faisant triompher les grèves qui entre toutes méritent le mieux nos sympathies et la victoire (…) ». Excellent état. *Édouard Vaillant (1840-1915) ; journaliste et homme politique socialiste français. Fondateur du Parti Socialiste révolutionnaire devint au côté de Jaurès, Guesde et J. Allemane un membre incontournable de la gauche française à la fin du XIXème et au début du XXème siècle. Est joint deux autres petits articles de Vaillant (incomplets, non signés). Est-joint un article de presse signé d'Eugène Fournière* intitulé « le vieux jeu » ; critique des mœurs tant politiques et sociales (coups tordus, désinformation, etc…) proclamant que la solution est le socialisme… « Alors et seulement alors il [le socialisme] méritera le magnifique destin qui lui est promis. Et Proudhon l'a dit : les peuples n'ont que les gouvernements qu'ils méritent. Travaillons donc à mériter notre destin, et le reste nous viendra par surcroit. « *Eugène Fournière (1857-1914) : homme politique socialiste français, député. Expertise réalisée par Monsieur Pascal GUILLEBAUD.

Estimation : 250 - 450 €