Lot 337

Description

[Jean Jaurès] « Équivoque Dissipée ». Article (épreuves manuscrites) signé intitulé « Équivoque dissipée » destiné à la publication ; 6 feuillets in-4 (rectos seuls manuscrits ; tous coupés en 3 parties pour les besoins de l'imprimeur). Calligraphie nerveuse quelquefois très difficile à déchiffrer ; des ratures et corrections. Bon à tirer et instructions au crayon bleu. Discours s'opposant à Jules Ferry président du Sénat ; celui-ci privilégiant une concentration politique au Sénat au détriment de la Chambre [Assemblée nationale]. Jaurès dénonce la naïveté et l'aveuglement du parti socialiste face à l'ascension de Jules Ferry pourtant antinomique aux idéaux socialistes alors que ce même socialisme historique venait symboliquement du Sénat même (rappel en conclusion de 1848). Plus globalement Jaurès dans son action politique affronta Ferry en lui opposant une conception plus sociale de la République. Les évènements analysés datent de 1893 ; on retrouve ce discours 20 ans plus tard en 1904 intitulé « Le socialisme et le radicalisme ». « On vient de découvrir au Sénat (…) une nouvelle attribution constitutionnelle. Les équivoques qui naissent à la chambre c'est le sénat qui les dissipe (…) elle [la concentration républicaine] signifie la politique de Mr Ferry et Mr Ferry lui-même (…) Seulement nous trouvons le procédé un peu vif pour ceux des radicaux qui sous le nom de concentration ont consenti peu à peu à l'ajournement des programmes et à l'effacement de leur parti. (…) le Sénat veut marquer que l'heure des résolutions vigoureuses est venue : et il fait de Mr Ferry son président. Ce n'est plus l'opposition effacée ou équivoque (…) c'est l'opportunisme militant agressif, exclusif qui fait sa rentrée dans la politique générale du pays ». Aux voix quelque peu balbutiantes, incertaines et confuses qui murmurent : Concentration, un écho très net et un peu aigre répond : le péril est à gauche (…). » Jaurès étend son discours, déplore cette situation malgré les problèmes et les contestations sociales omni présentes en critiquant l'attitude des radicaux face à la présidence Ferry « (…) Pourtant si l'élection de Jules Ferry si elle devient définitive aura un effet très précis. Les radicaux « de la concentration » s'apercevant décidément du rôle de dupes qu'ils jouent depuis longtemps déjà (…) s'imaginèrent accompagner « le char triomphal » de la République et faire partie du cortège ils s'apercevront bientôt qu'ils figureraient pompeusement parmi les captifs et alors ou ils se résigneront, et c'est fini d'eux ; ou ils se révolteront et ils ne trouveront plus d'autre centre de ralliement que l'idée socialiste (…) » … plus loin il revendique comme solution « une politique socialiste très nette et un programme socialiste très net afin de rétablir le mouvement dans la politique républicaine » dénonçant « (…) l'immobilisme qui tourne à la paralysie » et Pour Jaurès il n'y a pas d'autre choix que « (…) ou la politique ferryste ou la politique socialiste ; il faudra choisir (…) » tout en démontrant ce numéro de compromission de certains républicains modérés ou radicaux (Ferry-Millerand entre autre) et Jaurès de conclure ironiquement plus loin « Il y a un parti, un seul qui voit sans déplaisir aucun l'avènement de Mr Ferry : c'est le parti socialiste. Qui eut pu croire qu'il serait aussi délicatement servi par le Sénat ? et le Luxembourg se souviendrait-il qu'il a été en 1848 le laboratoire officiel du socialisme ? Jean Jaurès ». Papier froissée à un passage sinon excellent état. Expertise réalisée par Monsieur Pascal GUILLEBAUD.

Estimation : 800 - 1200 €