[Jean Jaurès] « Le système du faux ». Article (épreuves manuscrites) signé intitulé « Le système du faux » destiné à la publication ; 16 feuillets in-4 (recto seuls manuscrits certains coupés pour les besoins de l'imprimeur). Calligraphie nerveuse quelquefois très difficile à déchiffrer ; des ratures et corrections. Bon à tirer et instructions au crayon bleu. Un des nombreux articles parus à partir de juillet 1901 ; date à partir de laquelle Jaurès fut victime d'une violente campagne de dénigrement de la part de Gohier* dans l'Aurore ; Jaurès devant se justifier et répondre Dans « La petite République ». Querelle Gohier-Jaurès ; ce dernier dénonçant une manipulation suite à un article visant à le calomnier « J'ai dit et démontré que M. Gohier avait fait de mon article sur le projet Krantz-Montebello un usage qui était l'équivalent d'un faux. Et j'ai mis M. Gohier au défi de mettre cet article sous les yeux des lecteurs de L'Aurore. M. Gohier ne relève point le défi » » s'ensuit une réaffirmation de positions pacifistes « (…) pour nous socialistes, l'idéal suprême c'est le désarmement complet par la paix internationale fruit de la puissance croissante du prolétariat international » en proposant « un système de milice » en voulant réduire le plus possible « l'encasernement (…) La réduction du temps de service. Après le service de deux ans, quelle sera l'étape nouvelle ? Sera-ce le service de dix-huit mois, ou d'un an ou de six mois ? ou même pourrons nous nous passer directement du régime des milices ? ». Jaurès dit avoir interpellé le général André à ce sujet et reproche à Gohier [de par ses opinions] « l'abandon de l'idéal social » l'affublant au passage du terme de « calomniateur ». S'ensuit un long pamphlet virulent « (…) il n'échappera pas à la honte d'une calomnie en passant à une autre. C'est dans celle-là d'abord que je l'enferme et que je le tiens. Et sa résistance ne fait qu'aggraver le faux » en le défiant une fois de plus « de reproduire dans l'Aurore le texte entier de mon article ». Dans un autre passage Jaurès dénonce une autre calomnie « (…) A propos de ce que raconte Félix Faure d'une conversation que Mr Alphonse Humbert avait eu avec moi (…) » corrigeant la date réelle de cette conversation et rétablissant sa version ; Jaurès tonne « Or voici comment dans l'Aurore d'hier 19 octobre M. Gohier parle de cet incident. « Pensez aux révélations posthumes » de Félix Faure sur les négociations de MM. Alphonse Humbert et Jaurès en pleine bataille dreyfusarde, pour museler le parti révolutionnaire, enrayer le mouvement, préparer le ministère Lucullus. Vraiment à qui avons-nous à faire ? Est-ce à un calomniateur de barrière ou à un dément ? » Jaurès s'obligeant à justifier la chronologie des faits « Or le commencement de la bataille dreyfusarde est de la fin de 1897, c'est en octobre 1897 que les premiers avertissements venus de Mr Scheurer-Kestner commencèrent à émouvoir l'opinion. C'est donc deux ans après ma conversation avec Mr Humbert. » Immédiatement Jaurès accuse Gohier de diffamation et reproche au journal L'Aurore d'avoir relayé ces fausses informations sans correctif rappelant malgré tout « Oui c'est dans l'Aurore, ou toutes les dates de l'affaire Dreyfus doivent être restées vivantes, ou du moins les [souvenirs ?] de cette affaire qui fut un noble effort de vérités devraient être préservés de la souillure des mensonges ». Jaurès continue par la suite de s'indigner d'une campagne de presse mensongère citant contre lui les journaux « La patrie », La libre parole », Le petit journal » reprenant en synthèse ses arguments contre M. Gohier et les journaux précités ; Jaurès concluant « Et une fois l'homme jugé en quelques épreuves éclatantes et certaines toute la poussière de mensonge qui se soulève retombe autour de lui. Il est dès maintenant le calomniateur démasqué. Jean Jaurès. ». Bon état général. * Urbain Gohier (1862-1951) ; avocat, journaliste et pamphlétaire français ; mène une campagne pour la réhabilitation de Dreyfus par militarisme tout en ayant des convictions socialistes, monarchistes nationalistes et antisémites se définissant lui-même comme « monarcho-syndicaliste ou « monarchiste-syndicaliste ». Proche de Jaurès dans un premier temps il n'aura de cesse de dénigrer et d'attaquer ce dernier par des campagnes de presse agressives. Il sera l'un des propagateurs du « Protocoles des sages de Sion » en France. Expertise réalisée par Monsieur Pascal GUILLEBAUD.
Estimation : 1000 - 2000 €